Music Hall
Noëlle Pujol
Exposition 15.10.2022 > 19.03.2023
Mrac Occitanie, Sérignan
Commissariat :
Clément Nouet
Scénographie :
Léah Friedman, Éléonore Kabouche et
Sarah Lacueille
L'exposition présente le film de Noëlle Pujol « Lettres de Didier » (66 mn), sorti en 2021, projeté dans un espace dédié. Suite à ce film, Noëlle Pujol souhaite réaliser une fantaisie musicale « Boum ! Boum ! » dans laquelle elle mêle l’écriture de son frère en situtation de handicap à son environnement quotidien : les Puces de Saint Ouen. L'histoire de cette fantaisie musicale est alors transposée dans l'espace de l'exposition.

À partir du scénario écrit, de dessins, de photographies de repérages et d’éléments de décors, d’accessoires et d’ébauches de séquences filmées, cette exposition raconte le film en train de se construire. En circulant dans plusieurs espaces scénographiés, les liens se recréent, le scénario se développe, un va et vient s’installe entre scènes filmées et objets dans l’espace.
Cette recherche documentaire in situ se retrouve dans la salle d’exposition : les marches devant les stands des puces à Saint Ouen deviennent des praticables ouvrant sur la projection de « Lettres de Didier », les lumières bleues évoquent celles du pont de la Porte de Montmartre et le marquage au sol du « Carré des Biffins » dans le 18e se déplace sur le sol de l’exposition...
Anaïs Bonnel
Chargée des publics scolaires et de la communication numérique
" Sur les traces de l’artiste à Saint Ouen, lieu cosmopolite des puces du même nom, les scénographes se sont imprégnées des espaces, des ambiances, des sons et des lumières de cette atmosphère particulière. Du marché couvert des Serpettes aux cafés fréquentés par l’artiste, elles ont pu découvrir les décors et les personnages qui ont inspiré Noëlle Pujol dans ses écritures et dans ses films.
Comme à la lecture d’un film sous les commentaires du réalisateur, elles se sont confrontées aux références et aux regards de l’artiste. Celles-ci sont alors devenues des collaboratrices de Noëlle Pujol, quittant pour un instant le statut d’étudiantes pour s’empreindre du travail artistique qu’elles nous délivrent ici dans une scénographie inspirée et rendant perméable au monde l’univers intime de Noëlle Pujol. Cette recherche documentaire in situ se retrouve dans la salle d’exposition : les marches devant les stands des puces à Saint Ouen deviennent des praticables ouvrant sur la projection de « Lettres de Didier », les lumières bleues évoquent celles du pont de la Porte de Montmartre et le marquage au sol du « Carré des Biffins » dans le 18e se déplace sur le sol de l’exposition... Le rôle primordial des scénographes est aussi de rendre possible, en tenant compte du lieu, ces évocations urbaines. Le décor se plante alors puis se modifie. S’il était prévu un couloir de rideaux métalliques au centre de l’espace, l’impossibilité technique ordonna une adaptation. La scénographie, alors en constante évolution, fut pensée différemment mais en conservant la présence des éléments pour conserver l’esprit des lieux visités.
Si la contrainte de la salle d’exposition est parfois un obstacle, elle fut aussi pour les scénographes un outil constructif. En effet, voulant retranscrire le caractère industriel de certains entrepôts des Puces, les matériaux à disposition dans le lieu — béton brut, plafonds et absence de fenêtre — étaient une aubaine. Écrire et montrer un scénario à la manière d’œuvres picturales est une des émanations perceptibles de ces interrogations.
Pas de distance muséale entre l’objet et le spectateur, pas de douche sonore (haut-parleurs directionnels) mais la possibilité de sons qui peut-être se chevaucheront ou encore l’évitement du confort du cinéma face aux vidéos mais de simples praticables pour s’assoir. On est là à nouveau dans la précarité des Puces. Dans le musée certes, mais ailleurs.
L’exposition montre à la fois le scénario écrit par la main de l’artiste, le scénario d’images et le scénario d’objets. L’enjeu est de montrer ces différents ensembles en donnant des identités marquées dans un seul et même espace d’exposition. Celui-ci devient un laboratoire pour l’œuvre non encore achevée. Les scénographes en faisant cohabiter objets, écrits, vidéos et sons à un instant donné, révèlent une nouvelle matière créative pour Noëlle Pujol, qui peut être trouvera à son tour une résonance dans le film terminé. "